L’Histoire de l’intérim

La première entreprise de travail temporaire à vue le jour aux États-Unis en 1905 sous le nom de « Comptometer Corporation ». L’idée a été de trouver de la main d’œuvre pour décharger les bateaux mais qui ne nécessitait pas suffisamment d’heure de travail pour occuper un emploi. D.J Nugent figure clé, depuis la création de l’intérim, a voulu fidéliser les dockers[1] travaillant en périodes estivales et a assurer davantage de missions pendant les périodes hivernales afin de garder leur contact dans une liste de personnel.

En 1920, le travail en intérim traverse l’atlantique jusqu’au Royaume-Uni. Sam Workman, personnage emblématique de l’histoire de l’intérim, travaille chez « Monroe Calculating Machine Compagny » et constate que ses collègues sont en perpétuelle recherche de petit travaux en compléments de leurs activités. Il engagera donc ses propres collègues et ouvre ses portes à la gente féminine. Il étend ses services en proposant des travaux dactylographie[2] et des tâches administratives en comptant 1400 secrétaire dans son effectif,  ce qui donnera un contenu à la relation de travail intérimaire. Ce principe est alors très débattu par les juristes et l’intérim, au sens moderne du terme, fait son apparition.

D.J Nugent et Sam Workman auront joué un rôle de relais entre les deux continents constituant l’origine du travail temporaire.

C’est en 1948 que la célèbre entreprise de travail temporaire « Manpower », sera créée par deux avocats : Elmer Winter et Aaron Scheinfeld. Manpower deviendra une étape importante dans le développement de l’intérim qui prendra une tournure a échelle internationale. Elle deviendra la plus grande entreprise intérimaire dans le monde jusque dans les années 2000 rattrapée par Adecco. C’est en 2008 que la société Randstad passera devant Adecco.

En France, le marché de l’intérim apparait dès 1924 mais se développe dès 1953. Laurent Negro s’inspire du modèle américain et crée en 1955 l’entreprise de travail temporaire « BIS »

En 1956, il existe 7 entreprises de travail temporaire dans toute la France, ADECCO apparaîtra sur le marché français l’année suivante en 1957. En 1962, elles sont 170 et font travailler 33 000 intérimaires, à l’époque aucune législation n’existait et de nombreuses entreprise de travail temporaire se développent jusqu’à ce que cette profession en soient abusées qui mènera à une réglementation de l’activité du marché de l’intérim. Une pénurie de main œuvre se forme et le contrat à durée déterminée devient la norme. La notion de la relation propre du travail (emploi contre salaire et protection sociale) apparait et très rapidement les entreprises de travail temporaire concurrence les bureaux de placement (gratuit à l’époque).

C’est une loi du 3 janvier 1972 qui légalise l’intérim. Cette loi définit plusieurs principes forts qui se maintiendront tout au long des années 1980 et 1990, ce n’est qu’en 2005 que certains seront fondamentalement modifiés :

  • Le travail intérimaire ne peut se substituer à l’emploi permanent ;
  • Il doit avoir une durée limitée ;
  • Les pratiques de double activité sont interdites : obligation d’exclusivité du travail temporaire ;
  • Les cas de recours sont définis selon l’activité de l’entreprise utilisatrice ;
  • Les agences de travail temporaire ne peuvent effectuer du placement.

A partir des année 1970, dû à la crise pétrolière, le chômage se diffuse rapidement, les entreprises nécessitent plus de main œuvre et le besoin est constant. Le travail temporaire monte en croissance dès les années 1980.

2005 est une année décisive. Cette année-là, le service public de l’emploi est réorganisé. La loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005 (loi Borloo) autorise une évolution en profondeur de l’activité d’intérim. La loi étend le champ d’action des entreprises de travail temporaire au domaine du placement sur emploi permanent qui leur était jusque-là interdit.

[1] Le docker est un ouvrier, très rarement une ouvrière, qui charge et décharge tout type de marchandise à bord des navires